Josep Borrell, nouveau ministre des Affaires étrangères espagnol

Suite au changement de gouvernement en Espagne et à la nomination de Josep Borrell au poste de ministre des Affaires étrangères, la Fondation Jean-Jaurès a voulu salué cette désignation.

Espagne, 1er juin 2018 : exit Mariano Rajoy ! Vive Pedro Sanchez ! Au terme d’un feuilleton politique de six jours, un président de gouvernement socialiste, Pedro Sanchez, a pris le relais d’un prédécesseur libéral-conservateur, Mariano Rajoy (Parti populaire).

Josep Borrell aura le premier été appelé par Pedro Sanchez à entrer au gouvernement pour prendre la responsabilité du ministère des Relations extérieures. La nouvelle a surpris. Josep Borrell a bien exercé des fonctions ministérielles, mais c’était il y a plus de vingt ans, de 1993 à 1996, comme ministre des Travaux publics et de l’Environnement de Felipe Gonzalez. Ces derniers mois, il a mené une bataille publique contre l’indépendantisme en Catalogne, loin des grands enjeux internationaux et européens.

Sa présence au sein du gouvernement de Pedro Sanchez et au poste des Relations extérieures n’a pourtant rien d’étonnant. Josep Borrell a une solide culture et une profonde connaissance du monde. Il a effectué une partie de son cursus universitaire aux États-Unis et en France, a été président du Parlement européen de 2004 à 2007 et a présidé l’Institut universitaire européen de Florence au début des années 2010.

Il est, par ailleurs un socialiste à principes. Il a adhéré au PSOE pendant la dictature franquiste, en 1974. Vainqueur des primaires de son parti, comme Pedro Sanchez plus tard, il s’est aussi heurté en 1999 aux manœuvres des barons du PSOE qui l’avaient poussé à la démission. Scandalisé par la cabale ayant forcé la démission de Pedro Sanchez en 2016 – le 1er octobre 2016, à l’issue d’une semaine qualifiée de « tragique » par Josep Borrell que le Comité fédéral du PSOE a forcé Pedro Sanchez à remettre son mandat de secrétaire général –, partageant sa conviction d’une opposition sans concession au Parti populaire, il a pris sa plume pour défendre Pedro Sanchez et ses ambitions politiques progressistes. Il a ainsi publié en 2017, en pleine campagne des primaires socialistes, un livre ne cachant pas ses sentiments, Los idus de octubre. Reflexiones sobre la crisis de la socialdemocracia y el futuro del PSOE (La Catarata, 2017).

La Fondation Jean-Jaurès avait eu l’occasion, un an après ces événements, le 5 octobre 2017, d’accueillir Josep Borrell. Il était venu exposer sa vision du conflit territorial catalan et en débattre. Parler de la Catalogne était pour lui en effet une affaire personnelle. Européen, Espagnol, Josep Borrell a toujours également revendiqué son appartenance catalane. Il est l’auteur d’une anthologie de poésie catalane et de plusieurs ouvrages politiques traitant des relations entre Madrid et Barcelone. Il envisage le futur de la terre où il est né, comme Pedro Sanchez, loin des crispations nationalistes espagnoles de Mariano Rajoy, loin de l’unilatéralisme de rupture des indépendantistes catalans, et comme une nation ayant des spécificités culturelles, linguistiques, et historiques, reconnues par la Constitution espagnole, et participant à la définition d’un collectif national partagé.

 

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