François Hollande en Inde. Une nouvelle conception des relations franco-indiennes

Les 14 et 15 février 2013, François Hollande a fait une visite d’Etat en Inde, affirmant à cette occasion sa volonté que soit établie une approche renouvelée des relations franco-indiennes, fondée sur un partenariat équilibré entre deux puissances décidées à travailler ensemble.

Lors de ce voyage officiel en Inde qui a réuni tous les ingrédients traditionnels d’une visite d’Etat, François Hollande a certes marqué la continuité de l’intérêt de la France pour l’Inde après l’alternance politique de mai 2012. Cette visite, « premier voyage en Asie » du quinquennat, était le signal attendu par le gouvernement indien. Mais par ailleurs, le message porté a distingué François Hollande de ses prédécesseurs : ce message, éminemment politique, affirmait ainsi la volonté d’établir avec l’Inde un rapport véritablement équilibré entre les deux grands acteurs.
D’une manière plus nette que précédemment, a été mise en valeur lors de cette visite d’Etat la communauté de valeurs sur laquelle se fonde la relation entre les deux pays. Cette confiance mutuelle et cette proximité politique se concrétisent par un partenariat de plus en plus dense, qui comporte trois dimensions. La première est stratégique : les relations sur ce plan sont d’une grande qualité mais doivent être adaptées aux enjeux mondiaux qui imposent des responsabilités communes aux deux pays (lutte contre le terrorisme international ou contre la prolifération nucléaire par exemple). Le partenariat économique et technologique, deuxième dimension de la coopération, se concrétise par l’instauration d’un climat favorable pour les entreprises françaises et indiennes, et notamment par des investissements communs combinant les points forts des deux économies. Le troisième pilier de la coopération est un « partenariat de la connaissance », basé sur des collaborations entre des organismes scientifiques, universitaires et culturels.
Globalement, la presse indienne a commenté d’une manière positive la visite du chef de l’Etat, en exprimant cependant une réserve d’ensemble sur la capacité de l’économie française à se hausser au niveau des ambitions affichées, tant la « croissance zéro » de la France et de l’Union européenne imprègne négativement les perceptions de l’opinion au sein des milieux d’affaires indiens.
Pour surmonter ce scepticisme, le dialogue stratégique doit être doublé par un dialogue politique continu. Il serait très utile que Jean-Marc Ayrault poursuive l’action du président de la République et que les visites ministérielles des deux côtés soient plus nombreuses et bien coordonnées au niveau interministériel.
Sur le plan économique, les deux Etats restent les maîtres du jeu pour les grands intérêts régaliens liés aux technologies sensibles. La désignation par le gouvernement français d’un « représentant spécial pour la relation économique avec l’Inde » devrait permettre d’établir un canal de relations personnelles de très haut niveau avec les milieux d’affaires indiens.
Le président de la République a montré que la France était lucide, ambitieuse et prête à une relation équilibrée et diversifiée avec l’Inde dans une perspective à long terme. Il est souhaitable que cette vision soit partagée largement en France et que toutes les parties prenantes (Etat, entreprises, société civile) œuvrent pour la traduire dans les faits.

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