Il y a cinquante ans, la création du PSU

À l’occasion du cinquantième anniversaire du Parti socialiste unifié (PSU), la Fondation Jean-Jaurès a préparé un dossier spécial avec photos et documents inédits.

3 avril 1960 : la gauche social-démocrate française lance, en pleine guerre d’Algérie, un nouveau parti politique, le Parti socialiste unifié ou PSU, fruit des scissions qui ont secoué la SFIO de Guy Mollet à partir de 1956. Il a été dissou le 7 avril 1990.

Constitué essentiellement contre la SFIO qui soutenait la guerre en Algérie et qui avait accompagné le retour au pouvoir du général de Gaulle en 1958, le PSU réunit d’anciens résistants, dirigeants et militants socialistes comme Édouard Depreux, ministre de l’Intérieur en 1946-1947 et fondateur du PSA (Parti socialiste autonome), Daniel Mayer, ancien secrétaire général de la SFIO à la Libération et ministre de la Sécurité sociale de 1946 à 1949, Alain Savary, ancien secrétaire d’État aux Affaires marocaines et tunisiennes (1956) qui avait démissionné du gouvernement de Guy Mollet, Gilles Martinet, fondateur après-guerre de l’Office français d’information (future Agence France Presse) puis du journal L’Observateur en 1950 (qui deviendra France Observateur puis Le Nouvel Observateur, et qu’il dirigera jusqu’en 1964).

Il reçoit également l’adhésion de Pierre Mendès France, ancien président du Conseil sous la IVe République de juin 1954 à février 1955, qui a négocié l’indépendance de l’Indochine et de la Tunisie, et qui a démissionné trois ans plus tôt des instances du Parti radical, en rupture avec sa formation d’origine sur l’Algérie. Le PSU agrège également les membres de l’Union de la gauche socialiste (UGS), et des dissidents communistes comme Jean Poperen (celui-ci sera cependant exclu du PSU en décembre 1967).

Emblématique des mouvements anticolonialistes et antigaullistes, mais aussi antistaliniens, incarnant une « Deuxième gauche » réformiste liée aux mouvements de la gauche chrétienne, le PSU, qui réunit des tendances a priori contraires, représentera durant plus de dix ans une autre alternative politique face à la SFIO et au PCF, notamment sur la question d’un modèle autogestionnaire du travail et du monde de l’entreprise, comme lors des grandes grèves chez l’horloger Lip en 1973. Mais le PSU, qui comprend aussi des groupuscules marxistes et révolutionnaires, basculera progressivement vers l’extrême gauche contestataire après Mai 1968, notamment lors de son congrès à Lille en mars 1971 qui représente un tournant important dans l’effritement électoral et militant de l’organisation. Une partie de ses dirigeants et militants suivront d’ailleurs Michel Rocard, leader du PSU entre 1967 et 1973 et ancien candidat à l’élection présidentielle de 1969, au Parti socialiste refondé autour de François Mitterrand, lors des Assises du socialisme organisées entre les deux formations et avec la CFDT en octobre 1974.

Premier ministre de François Mitterrand entre 1981 et 1988, puis premier secrétaire du Parti socialiste de 1993 à 1994, Michel Rocard livre ici son histoire et sa vision de la naissance du PSU à Issy-les-Moulineaux le 3 avril 1960, organisation dissoute par le vote de ses militants le 7 avril 1990 : « La fondation du PSU », par Michel Rocard (notice pour le recueil 2010 des Célébrations nationales du ministère de la Culture).

Colloque « 50 ans plus tard… Le réalisme c’est toujours l’utopie »

L’Institut Edouard Depreux et l’association Amis de Tribune socialiste (ATS), qui rassemble d’anciens militants et dirigeants du PSU, organisent les 10 et 11 avril 2010 à Issy-les-Moulineaux et à Paris un grand colloque sur le 50eanniversaire de la création du PSU : avec Michel Rocard, Jacques Sauvageot, Serge Depaquit, Charles Piaget, Patrick Viveret, Robert Chapuis, Michel Mousel, Françoise Gaspard.

  • programme du colloque
  • appel pour le cinquantenaire
  • compte-rendu du cinquantenaire de la naissance du PSU par Gérard Lindeperg 

Dernières publications sur le PSU

Les publications de la Fondation Jean-Jaurès autour du PSU

  • Les Assises du socialisme, ou l’échec d’une tentative de rénovation d’un parti, par François Kraus, Note de la Fondation Jean-Jaurès, juillet 2002.
  • Si Rocard avait su, par Robert Chapuis (publication en partenariat avec l’OURS) : L’Harmattan, collection « Des poings et des roses », février 2007.

Où consulter les archives du PSU ?

Les sources d’archives et documentaires provenant du PSU (après sa dissolution en 1990), ou concernant des fédérations locales du PSU, ou certains de ses dirigeants, peuvent être consultées en divers lieux :

  • aux Archives nationales et certains services d’archives territoriales (services départementaux ou municipaux) : consultez le site des Archives de France.
  • La Bibliothèque de documentation internationale contemporaine (BDIC) : 6, allée de l’Université 92001 Nanterre Cedex, où se trouve notamment des fonds du parti socialiste unifié. Conditions de consultation.
  • Centre d’histoire de Sciences Po, service Archives d’histoire contemporaine : 56 rue Jacob 75006 Paris (fonds consultables sur autorisation, conditions de consultation) :
    • fonds Alain Savary (1918-1988)
    • fonds Gilles Martinet (1916-2006)
  • Office universitaire de recherche socialiste : 12 cité Malesherbes 75009 Paris (fonds consultables sur autorisation, conditions de consultation) :
    • fonds Michel de La Fournière (1933-1988)
    • fonds Robert Chapuis, ancien secrétaire national du PSU de novembre 1973 à décembre 1974 (fonds récemment déposé : prendre contact avec l’OURS pour toute demande de consultation).
  • Le Centre d’archives socialistes conserve des dossiers sur les relations entre le Parti socialiste et le PSU durant les années soixante-dix et quatre-vingts, et des archives sur les Assises du socialisme en octobre 1974, qui ont vu l’intégration dans le PS d’une partie des dirigeants et militants du PSU, dont Michel Rocard.

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