Internationale socialiste : la refondation ou le déclin

L’Internationale socialiste tenait son XXIVème congrès du 28 août au 1er septembre 2012 au Cap, en Afrique du Sud. Alors que la mondialisation financière sans règles engagée il y a plus de vingt ans est aujourd’hui en crise, l’institution doit prendre conscience des espérances qui demeurent placées en elle.

L’atout essentiel de l’Internationale socialiste (IS) demeure sans aucun doute le nombre et la qualité de ses membres : ceux qui parlent de reconstruire ailleurs ne doivent pas oublier cela. Plus de 160 partis progressistes, sociaux-démocrates, socialistes ou travaillistes, appartenant à près de 140 pays répartis sur les cinq continents, des partis se réclamant des mêmes objectifs de respect des droits de l’homme, de justice sociale et de solidarité : il y a là un capital politique – largement dû à l’engagement personnel de Willy Brandt et de Pierre Mauroy – qu’il ne faut pas dilapider.
Certes, une fois posé ce constat, il convient de conserver sa lucidité. Oui, il y a eu ces dernières années dans l’IS des partis qui n’auraient jamais dû y demeurer, ou qui n’auraient jamais sans doute dû entrer. A contrario, l’absence de grandes formations de grands pays émergents comme celui du Parti du Congrès indien, est regrettable.
L’autre atout essentiel de l’IS est la très grande homogénéité idéologique d’une large majorité de ses membres. Par delà la référence à des valeurs communes, dont l’histoire du mouvement communiste au XXème siècle, des analyses très voisines des causes de la crise actuelle et aussi des conséquences existent. Cette communauté d’analyse se heurte à une question centrale, douloureusement vécue : comment se fait-il que l’IS demeure avec aussi peu d’influence ? Quelques pistes de réforme sont possibles.
Sur la question de la représentativité, pour éviter les aberrations, il serait nécessaire d’ajouter un nouvel article statutaire indiquant que, dès lors qu’une majorité de membres constate, de la part d’un autre, des manquements graves et répétés à la Charte éthique de l’organisation, le parti concerné cesse de ce fait d’appartenir à l’IS, suffirait à régler la question.
Pour affronter la question de l’universalité, afin que l’IS réussisse à attirer ceux qui ne se reconnaissent pas toujours en elle, deux évolutions doivent être sérieusement envisagées. La première est celle d’un changement du nom de l’IS, notamment le remplacement du mot socialiste par progressiste. La deuxième reste la mutation de l’IS de « club où l’on dit » à « mouvement où l’on fait ». Cela suppose une implication renouvelée des leaders des partis membres et leur participation active à la présidence de l’organisation pleinement engagée pour l’atteinte de ses nouveaux objectifs.

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