Les leçons de la guerre en Afghanistan

Alors que les forces françaises se retirent d’Afghanistan et sont engagées au Mali, Charlotte Lepri revient sur une décennie d’intervention amorcée au lendemain du 11 septembre 2001.

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Synthèse
Une incertitude lancinante sur les objectifs stratégiques de l’intervention en Afghanistan
Initialement, l’intervention en Afghanistan avait un objectif clair : détruire Al-Qaeda et mettre à bas le régime taliban qui lui offrait protection. Si l’objectif de renverser les talibans fut rapidement atteint, la destruction de la nébuleuse Al-Qaeda s’est avérée beaucoup plus complexe. Le principal écueil de l’International Security Assistance Force (ISAF) a été de ne pas prendre en compte les spécificités culturelles et politiques du pays. Par ailleurs, le théâtre afghan a posé la question de la complémentarité entre militaires et civils dans le cadre de missions de state building.

D’incontestables progrès au niveau capacitaire, mais des lacunes persistantes
Les opérations militaires en Afghanistan ont toutefois permis aux armées françaises de faire un bond en avant au niveau de leur équipement. Cependant, l’intervention a également souligné certaines lacunes, notamment en matière de drones ou d’avions de transport. A l’heure des restrictions budgétaires, la question capacitaire se pose avec d’autant plus de gravité que des impasses stratégiques risquent de se faire jour.

L’aguerrissement des soldats français
Comme le souligne le Chef d’escadrons Alexandre de Féligonde, « les efforts qui ont été consentis pour adapter l’outil de combat aux réalités afghanes ont été soutenus et profonds, aussi bien en termes d’entraînement, de procédures, que de matériels ». L’intervention en Afghanistan a également vu les militaires français mener des « opérations psychologiques ». La création en 2012 du Centre Interarmées des actions sur l’environnement (CIAE), dont la mission est de « faciliter les relations des chefs militaires en opérations avec l’environnement humain local», s’inscrit dans cette logique.

Une meilleure prise en compte du retour
La question de la santé mentale des soldats revenant du combat a été mise en lumière par l’engagement afghan. Depuis juin 2009, la France a ainsi mis en place un « sas de décompression » à Chypre, pour permettre aux militaires de se réadapter à un quotidien sans guerre. Cette étape chypriote fait partie d’un dispositif plus large, piloté par le CISPAT (Cellule d’intervention et de soutien psychologique de l’Armée de Terre), créée en 2004 et renforcée en 2009.

Quels enseignements pour demain ?
Alors que les forces françaises sont engagées au Mali, l’expérience afghane est source de précieux enseignements. L’intervention en Afghanistan a notamment souligné à quel point il est indispensable de compléter l’action militaire par l’action politique, dès lors que la reconstruction étatique est en jeu. Cela nécessite de créer un climat propice à la réconciliation nationale, de reconstruire l’appareil d’Etat en prenant en compte les spécificités locales et de mettre en œuvre un programme d’aide au développement.

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