Vers Rio + 20. La voie des Sommets de la Terre

Vingt ans après le Sommet de la Terre de 1992, la Conférence des Nations unies sur le développement durable aura lieu du 20 au 22 juin 2012 à Rio de Janeiro. Pour mieux saisir le sens et les enjeux de ce Sommet, Timothée Duverger le resitue dans une perspective historique globale et de longue durée.

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Egalement connu sous le nom de Rio + 20, le prochain Sommet de la Terre, conférence internationale des Nations unies sur le développement durable, se déroulera du 20 au 22 juin 2012. Les objectifs sont ambitieux : réaliser une véritable transition écologique dans l’économie, assurer l’efficacité énergétique, renforcer les innovations et les transferts technologiques, les énergies renouvelables et les emplois verts. En même temps, il faut trouver des solutions dans la lutte contre la pauvreté et des moyens de rendre le système de l’ONU de lutte contre le réchauffement climatique et pour le développement durable plus efficace.
Depuis la découverte du charbon et du pétrole comme source d’énergie, qui semble à la fois abondante et au prix décroissant, une croissance économique toujours plus forte devient l’objectif clé, même si celle-ci se réalise au détriment de la nature. Pourtant, à partir des années 1960-70, un doute apparaît sur la possibilité d’une croissance infinie. De même, l’écologie bénéficie d’un plus grand écho dans les relations internationales : en 1972, l’ONU organise le premier Sommet de la Terre à Stockholm. Les négociations aboutissent à un accord minimal, car les pays participants souhaitent avant tout préserver leurs propres intérêts. La Déclaration de Stockholm affirme l’engagement de préserver le patrimoine environnemental avec un Plan d’action pour évaluer l’environnement et soutenir les activités nationales et la création de deux instances de financement et de coordination (un fonds volontaire et le Programme des Nations unies pour l’environnement). En même temps, le rapport The Limits to Growths dénonce, en 1972, la diminution des ressources naturelles, ainsi que l’augmentation des déchets, et démontre l’impact de la croissance démographique et économique sur l’environnement. Il propose une économie avec une croissance à taux zéro.
Au début des années 1980, cet élan écologique décline. Ce n’est qu’après la catastrophe de Tchernobyl en 1986 et l’effondrement de l’URSS que le mouvement reprend de l’essor : vingt ans après la conférence de Stockholm, se tient en 1992 à Rio (Brésil) la Conférence des Nations unies pour l’environnement et le développement. 172 Etats y décident de favoriser le progrès économique, la justice sociale et la préservation de l’environnement, en approfondissant la Déclaration de Stockholm (principe du pollueur-payeur) et en formulant l’Agenda 21 avec des objectifs de croissance économique, de conservation de ressources et d’élimination de la pauvreté. Néanmoins, cet agenda n’a pas de valeur contraignante. En 1997, un texte additionnel à la conférence de Rio est signé : le Protocole de Kyoto a pour objectif de réduire de 5,2 % les gaz à effets de serre par rapport à 1990, et ceci jusqu’en 2012. L’entrée en vigueur du traité n’intervient qu’en 2005, retardée par le retrait des Etats-Unis en 2001 et le délai de sept ans nécessaire à la Russie pour l’accepter.
En 2006, avec la sortie du film « Une vérité qui dérange » d’Al Gore, le public devient plus conscient de la problématique du changement climatique. Pourtant, la conférence de Copenhague des Nations unies sur le climat (conférence annexe aux Sommets de la Terre), en 2009, ne parvient pas à un accord pour succéder au Protocole de Kyoto. Un an plus tard, la Conférence de Durban ne rencontre pas beaucoup plus de succès, même si elle peut prolonger la durée de vie du Protocole.
Le bilan des Sommets de la Terre est ainsi mitigé : aujourd’hui, la question se pose si le Sommet de la Terre Rio + 20 aura davantage d’impact que les conférences précédentes sur l’évolution du climat et l’avenir du développement durable.

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